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BIAIS DE NEGATIVITE


Le biais de négativité, qui consiste à accorder une attention disproportionnée aux informations et événements négatifs par rapport aux positifs, est un mécanisme qui s’est développé au cours de l’évolution pour augmenter les chances de survie dans des environnements hostiles. Ce biais permettait à nos ancêtres de réagir plus rapidement aux menaces, de retenir les erreurs dangereuses et d’éviter les situations risquées. Cependant, dans le contexte moderne, ce biais peut devenir maladaptatif, surtout lorsqu'il est associé à des conditions chroniques comme la fibromyalgie.


Le lien entre traumatisme, fibromyalgie et biais de négativité


La fibromyalgie se déclenche souvent après un traumatisme, qu’il soit physique (accident, blessure) ou émotionnel (stress intense, choc psychologique). Ce traumatisme peut perturber le fonctionnement du système nerveux central, provoquant une sensibilisation centrale. Cela signifie que le système nerveux devient hyperactif et amplifie les signaux de douleur, transformant des sensations ordinaires en douleurs intenses.


Le biais de négativité joue un rôle clé dans ce processus, car il pousse le cerveau des personnes atteintes de fibromyalgie à accorder une attention disproportionnée aux signaux de douleur et aux stimuli négatifs en général. La douleur est perçue comme plus intense, et l’anxiété ou le stress associé au traumatisme tendent à exacerber la condition. Les personnes ayant vécu un traumatisme développent souvent une hypervigilance, une attention accrue aux signes de danger, ce qui renforce l’anxiété et les symptômes de la fibromyalgie. En conséquence, elles peuvent tomber dans un cercle vicieux où la douleur chronique, les pensées négatives et le stress s’aggravent mutuellement.


L’impact du traumatisme sur le système nerveux et émotionnel


Les traumatismes, en particulier émotionnels, peuvent provoquer une dérégulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), qui contrôle la réponse au stress. Chez les personnes traumatisées, cette dérégulation peut entraîner un état de stress chronique, rendant leur système nerveux plus sensible aux stimuli négatifs et renforçant leur biais de négativité. Cela signifie que non seulement la douleur physique est ressentie plus intensément, mais les pensées négatives, les ruminations et l’anxiété deviennent plus envahissantes.


Le manque de sommeil, un symptôme commun de la fibromyalgie, amplifie également cette tendance. Un sommeil insuffisant ou non réparateur rend plus difficile la gestion des émotions, augmentant ainsi l’attention portée aux aspects négatifs de la vie quotidienne et aggravant la perception de la douleur.


Le rôle de la pleine conscience dans la gestion de la fibromyalgie et du biais de négativité


La pleine conscience est une pratique qui consiste à porter une attention consciente et bienveillante à l'instant présent, sans jugement. Elle aide les individus à observer leurs pensées, émotions et sensations corporelles sans s'y attacher ou sans réagir de manière automatique. Cette approche peut jouer un rôle crucial pour contrer les effets du biais de négativité et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de fibromyalgie.


Voici de manière plus détaillée comment la pleine conscience peut aider dans la gestion de la fibromyalgie :


  • Réduction du stress et de l’anxiété


    La pleine conscience enseigne à l’individu comment observer ses pensées et émotions de manière non réactive, ce qui permet de réduire le stress et l’anxiété. En pratiquant la pleine conscience, les personnes apprennent à prendre du recul face aux pensées négatives qui, dans le contexte de la fibromyalgie, sont souvent amplifiées par le biais de négativité. Plutôt que d’être emportées par des pensées du type "Je vais souffrir pour toujours" ou "Cette douleur est insupportable", elles peuvent observer ces pensées sans s’y accrocher, ce qui diminue leur pouvoir émotionnel.


    La réduction du stress est cruciale pour les personnes atteintes de fibromyalgie, car le stress chronique est un facteur majeur qui aggrave la douleur et les autres symptômes de la maladie. En cultivant un état de calme intérieur et une prise de distance émotionnelle, la pleine conscience contribue à désactiver la réponse automatique au stress, facilitant ainsi une meilleure gestion des symptômes.


  • Gestion de la douleur


    L'un des bénéfices les plus importants de la pleine conscience est sa capacité à modifier la manière dont le cerveau perçoit et réagit à la douleur. Plutôt que de fuir ou de combattre la douleur (ce qui peut parfois aggraver l'expérience), la pleine conscience invite à observer la douleur sans jugement ni résistance. Cette approche permet de diminuer l’intensité émotionnelle associée à la douleur, ce qui peut réduire la souffrance ressentie.


    Des études montrent que la pleine conscience peut activer des régions du cerveau liées à la régulation des émotions et à la diminution de la sensibilité à la douleur. En apprenant à accepter la douleur sans catastrophisme, les personnes atteintes de fibromyalgie peuvent rompre le cycle de l'hypervigilance à la douleur, ce qui réduit la sensation globale de souffrance.


  • Diminution des ruminations et des pensées négatives


    Les ruminations, c’est-à-dire la tendance à ressasser des pensées négatives, sont souvent un produit direct du biais de négativité. Ces pensées, qui peuvent inclure des inquiétudes sur la douleur future, sur l’incapacité à fonctionner ou sur les conséquences de la maladie, augmentent le stress et l’anxiété.


    La pleine conscience aide à briser ce cycle de ruminations en apprenant à observer les pensées sans les juger et sans s’y attacher. En développant cette capacité à être présent dans l’instant sans se perdre dans les pensées négatives, les personnes atteintes de fibromyalgie peuvent progressivement réduire l’impact de ces ruminations sur leur état émotionnel et physique.


  • Amélioration du sommeil


    La méditation de pleine conscience et la relaxation consciente aident à réduire l’agitation mentale, favorisant ainsi un meilleur sommeil. Le manque de sommeil est souvent un facteur aggravant pour les douleurs de la fibromyalgie, et les troubles du sommeil exacerbent la sensibilité à la douleur et la négativité. En pratiquant la pleine conscience, il devient plus facile de calmer l’esprit avant de dormir, améliorant ainsi la qualité du repos.


  • Amélioration du bien-être global


    Enfin, la pleine conscience contribue à améliorer le bien-être général en aidant les personnes à se reconnecter aux expériences positives. En portant intentionnellement leur attention sur les petits moments de plaisir ou de satisfaction, les patients peuvent contrebalancer le biais de négativité. Cela peut inclure de simples moments de joie, comme la sensation du soleil sur la peau ou un moment de calme, qui sont souvent négligés à cause de la douleur et du stress.

    La pleine conscience aide également à cultiver l’acceptation de la situation présente, plutôt que de lutter constamment contre elle, ce qui peut réduire la souffrance psychologique liée à la fibromyalgie.


Un exercice simple mais efficace pour contrer le biais de négativité consiste à noter chaque jour au moins dix choses positives que l'on a vécues, aussi petites soient-elles. Cet exercice aide à entraîner l’esprit à remarquer les aspects agréables ou satisfaisants du quotidien, souvent passés inaperçus. Par exemple, cela pourrait être la douceur d’un moment de silence, une discussion agréable avec un ami, ou encore le parfum des fleurs en marchant. En les notant, on développe une meilleure capacité à identifier et à apprécier ces instants positifs. Par exemple, vous pourriez écrire : "J'ai aimé la promenade sous les arbres ce matin."


L’idée est de cultiver une attention bienveillante aux petits plaisirs du quotidien.

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