J’ai entamé fin août à un programme de méditation de pleine conscience pour la gestion de la douleur chronique qui a duré huit semaines. Cette expérience m'a permis d'acquérir des outils précieux pour mieux vivre avec la douleur, en développant une approche plus sereine et compatissante face à mes ressentis physiques et émotionnels.
Les premières semaines
Durant les premières semaines, deux apprentissages fondamentaux ont marqué le début de mon parcours. Le premier portait sur l’observation de la respiration naturelle et ses effets apaisants sur le corps et l’esprit. En portant simplement mon attention sur ma respiration, sans chercher à la modifier, j’ai appris à percevoir les sensations subtiles de chaque inspiration et expiration. Cet exercice, bien que difficile au départ, a demandé de la patience et de la répétition : mon esprit vagabondait souvent, et je devais sans cesse ramener mon attention sur ma respiration. Peu à peu, cette pratique m’a permis de créer une connexion plus profonde avec mon corps, relâchant ainsi les tensions physiques accumulées. Cet ancrage dans la respiration m’a offert un espace de calme intérieur, dans lequel les pensées anxieuses et la douleur prenaient moins de place. Jour après jour, j’ai découvert que simplement revenir à mon souffle me permettait de mieux accepter mes sensations corporelles sans jugement, ce qui a renforcé ma présence au quotidien.
Le second apprentissage était la distinction entre la souffrance primaire (la douleur physique inévitable) et la souffrance secondaire (la résistance mentale et émotionnelle face à cette douleur). J’ai pris conscience que si la douleur est une réalité à court terme, la souffrance secondaire peut, elle, être considérablement atténuée. En prenant du recul sur mes réactions face à la douleur, j’ai pu réduire l’impact de cette souffrance secondaire, qui alourdit souvent les sensations douloureuses. À cela s'est ajoutée une nouvelle manière d’appréhender mon corps : au lieu de lutter contre la douleur en générant des tensions supplémentaires, j’ai appris à abandonner mon corps à la gravité, à me détendre et à laisser mon poids s’appuyer naturellement. En acceptant cette gravité comme un soutien plutôt qu'une contrainte, j'ai pu relâcher certaines tensions physiques et ainsi mieux vivre la douleur, tout en restant plus en phase avec mon corps et mes émotions.
Dans la vie quotidienne, je mets cet apprentissage en pratique lorsque je ressens le stress monter. Plutôt que de me laisser envahir par ce flot de pensées et de tensions, je m'arrête pour prendre le temps de méditer en observant simplement ma respiration. Loin de me faire perdre du temps, cette pratique m’apaise profondément et, en fin de compte, m'en fait gagner. Par exemple, dans des situations où je me serais auparavant agacée, comme en voiture lorsque la circulation ne va pas aussi vite que je le souhaiterais, je ne me stresse plus. Au lieu de cela, je regarde autour de moi, j’observe les détails du paysage, et j'apprécie ce que je vois. Ce simple changement de perspective m’a permis de transformer des moments de frustration en moments de présence et de calme.
Le programme m’a aussi aidée à sortir du "mode faire", un mode de fonctionnement mental orienté vers la résolution de problèmes, qui peut s’avérer contre-productif lorsqu'il est appliqué aux émotions, à la douleur ou aux maladies chroniques. Ce mode de pensée, bien que précieux dans certains domaines, tend à générer stress, anxiété, dépression et épuisement. J’ai appris à passer au "mode être", où il s'agit d’observer les pensées comme un flux constant, sans les juger ni m’y accrocher. J’ai compris que toutes les pensées ne sont pas des faits et qu'il est possible de rester ancrée dans le présent, sans me laisser entraîner par des pensées anxiogènes ou des scénarios imaginaires. Je reconnais cependant qu’il me faudra encore beaucoup m’exercer pour maintenir en moi une paix intérieure.
Introduction à la pleine conscience dans le mouvement
Par la suite, j’ai pu intégrer la pleine conscience au mouvement en reliant le rythme naturel de la respiration aux mouvements du corps. Cela m’a permis de ne plus faire les choses de manière automatique, mais plutôt avec une attention consciente à chaque geste. Par exemple, lorsque je mange, je prends désormais le temps de savourer chaque bouchée, je mange plus lentement et j’apprécie véritablement ce que j’avale. De même, quand je dois accomplir une tâche, le fait d’accompagner mes gestes avec une respiration consciente m’aide à moins souffrir de mes actions, car je suis pleinement présent dans l’instant, ce qui rend chaque effort plus fluide et moins éprouvant. Cette approche a transformé ma manière de vivre mes activités quotidiennes, en réduisant le stress et en augmentant mon bien-être global.
J’ai également découvert l’importance du "pacing", qui consiste à trouver son propre rythme pour rompre avec un mode de vie fait de hauts et de bas, évitant ainsi le stress physique et mental. Cela m’a conduit à rechercher un équilibre global. Par exemple, au lieu de me lancer dans des tâches longues et fatigantes sans pause, je les fractionne et alterne entre différentes activités. Cette manière de fonctionner m’a appris à mieux respecter mon corps et mes limites.
De plus, j’ai pris l’habitude de faire des pauses régulières pour méditer, ce qui est devenu un véritable besoin pour moi. Ces moments me permettent de recharger mes batteries, de retrouver une certaine paix intérieure, et d'aborder le reste de la journée avec plus de sérénité. Ils sont devenus des ancrages essentiels dans mon quotidien. Souvent, les membres me demandent comment je parviens à gérer autant de choses malgré la maladie : ce fonctionnement fait partie de la réponse.
Acceptation et compassion envers soi
Le programme m’a également appris à contrecarrer la tendance à la critique de soi en développant l’acceptation et la compassion envers moi-même. Cela m'a permis de me tourner vers l'inconfort et d'accepter ce qui ne peut être changé (comme la douleur), tout en agissant sur ce qui peut l’être (comme la souffrance). Par exemple, lorsque je suis dans une file d’attente à la caisse d’un magasin et que je ressens des douleurs, je ne me focalise plus sur ces sensations désagréables. À la place, je cherche à trouver des parties de mon corps qui ne sont pas douloureuses, et je me concentre sur ma respiration. Cette approche me permet de ne pas être submergée par la douleur et de rester présente, sans m’agiter mentalement.
J’ai ainsi constaté que l’acceptation de la douleur a paradoxalement contribué à la réduire, tandis que mon ouverture à l’appréciation des petites choses positives a renforcé ma capacité à profiter des aspects agréables de la vie quotidienne. Ce cheminement m’a aussi permis de m’aimer davantage, de me respecter, et d’accepter mes limites avec bienveillance.
Elargissement de la conscience et ouverture à autrui
En avançant dans le programme, j’ai appris à élargir mon champ de conscience, ce qui m’a permis de mieux contenir l’ensemble de mon expérience, qu’elle soit positive ou douloureuse. En accueillant à la fois plaisir et douleur, j’ai pu observer la nature changeante de chaque sensation, ce qui a mis fin à la lutte permanente entre les deux. Ce processus m’a apporté plus de stabilité émotionnelle et mentale.
Un autre aspect important a été l’élargissement du cercle de compassion vers les autres. Cette pratique m’a permis de transformer ma perspective de séparation et d’isolement en une perspective de connexion avec autrui, renforçant ainsi mon sentiment d’appartenance et d’interconnexion. Ce sentiment, je le vis dans la réalité au sein de l’association.
BILAN
Ce programme m’a enseigné que, bien que le monde soit en perpétuel changement, nous avons le pouvoir d'influencer la direction de nos actions. J’ai appris à répondre à mes expériences avec conscience et compassion plutôt que de simplement réagir à celles-ci. Cette prise de recul m’a donné un meilleur contrôle sur mon rapport à la douleur et à la souffrance, et m’a ouvert à une vie plus équilibrée, remplie de compassion et de présence.
Grâce à cette expérience, j'ai appris à m’aimer, à me respecter et à avancer sur le chemin du mieux-être avec la maladie. Je ne prétends nullement être guérie. Je prétends juste que la méditation de pleine conscience est, pour moi, alors que je n’y adhérais pas à la base, devenu, non seulement une méthode alternative de gestion de la douleur, mais, plus encore, un nouvel art de vivre que j’ai décidé de cultiver.
Je suis consciente que je ne suis qu’au tout début d’un apprentissage, mais je remercie très sincèrement Ronald (Facebook) pour l’initiation à cette pratique qui m’est vraiment d’une immense aide.