La fibromyalgie implique une grande usure physique et émotionnelle, obligeant la personne qui en souffre à consommer de nombreuses ressources, à la fois en temps, en argent et en efforts. Généralement, la personne supporte une perte significative de qualité de vie et une détérioration des activités quotidiennes qu'elle a à effectuer entraînant des conséquences importantes dans les relations familiales, sociales et professionnelles.
La dépression se lie alors parfois, voire souvent, avec une perte d'autonomie entraînant un sentiment de culpabilité. Or, cet état influence le cercle vicieux de la douleur chronique.
Vous sentez-vous parfois coupable à cause de votre état ? Vous fait-on culpabiliser?
Pour ma part, je culpabilise vis-à-vis des autres de ne pas pouvoir être aussi disponible qu’avant, aussi vaillante pour sortir, pour garder mes petits-enfants, m’occuper des travaux dans la maison avec mon mari, faire les courses, le ménage…
Les premiers mois, lorsque j’ai dû finalement accepter d’arrêter de travailler, je culpabilisais aussi car j’avais l’impression d’abandonner mes élèves et mes collègues (Je suis enseignante.). Mais je me suis rendu compte qu’ils géraient bien sans moi… Finalement, je n’étais pas indispensable…
Mais il me restait le sentiment d'être un fardeau pour la société : non seulement je ne servais à rien, mais en plus je coûtais cher à la sécurité sociale. Et puis, je me suis dit que j’avais déjà travaillé trente ans presque toujours à temps plein en élevant six enfants dans des conditions familiales parfois difficiles… et que, donc, j’avais aussi cotisé pour me permettre de prendre soin de moi.
Mais ce sentiment de culpabilité m’a poursuivie et j’ai repris le chemin de l’école en mi-temps thérapeutique… Je peine malgré les facilités qui me sont données (enfin !)… J’ai peur… peur de ne pas y arriver… Pourtant, je n’ai pas un métier physique.
Alors, je pense à toutes ces personnes qui sont dans des situations qui ne permettent pas de lâcher le boulot, même en partie, et qui ont un métier pénible. Et je me sens encore plus coupable d’être privilégiée…
La culpabilité est un ressenti émotionnel, très fréquent, qui survient lorsque l’on se juge soi-même responsable d’une entorse à nos propres valeurs. C’est un mélange de honte, de tristesse, de mépris et de colère, où le regard de l’autre et le regard qu’on porte sur soi jouent pour beaucoup.
La culpabilité existe parce qu’elle a une fonction phylogénétique, liée à la fonction des règles que nous nous édictons. Lorsque nous décidons en conscience de respecter une règle, c’est dans le but d’obtenir un bénéfice :
Sécurité
Anticipation
Faciliter les interactions sociales
Eviter de nuire à autrui et d’en subir les mesures de rétorsion
Intérêts personnels
Ressentir de la culpabilité a alors une fonction informative, qui nous indique que nous avons transgressé une règle. Le fait que ce message soit généralement ressenti de façon désagréable va nous pousser à tenir compte de ce message.
Mais le sentiment de culpabilité peut se déclencher dans des situations inappropriées. Se sentir coupable d’être malade ne devrait pas avoir lieu. La maladie et la culpabilité forment un binôme macabre affectant des personnes qui, en plus de faire face à des problèmes de santé, aussi bien physiques que psychologiques, doivent supporter le fait d’être malades. Des questions comme “pourquoi moi?” ou “suis-je suffisamment fort-e?” occupent habituellement l’esprit des personnes affectées. Cela peut déboucher sur de véritables problèmes émotionnels.
Dans le cas où la culpabilité est trop fréquente ou trop intense, un travail en psychothérapie est nécessaire.
Dans ce cas, les psychothérapies à privilégier sont
TCC: thérapie cognitive et comportementale
La TCC aide le patient à remettre en cause ses schémas dysfonctionnels de culpabilité. De plus, elle aide à restaurer son estime de lui-même. Ainsi, il récupère confiance en son jugement. Ainsi, il sera en mesure de juger équitablement sa responsabilité, sans exagérer ni dans un sens ni dans l’autre. La technique centrale de la TCC de la culpabilité repose sur la restructuration cognitive, qui consiste à aider le patient à remettre en cause ses raisonnements culpabilisants. La cible du psy TCC sera notamment les pensées automatiques culpabilisantes.
TIP: thérapie interpersonnelle
La TIP permet au patient de traiter la culpabilité qu’il vit en rapport avec des situations interpersonnelles. Ainsi, une grande part de la culpabilité est liée à des situations où le patient s’en veut par rapport à des choses qui se sont jouées sur le plan relationnel. Par exemple, ils se sentent tenus par des règles vis-à-vis des autres ou se culpabilisent de ne pas avoir répondu à l’attente de l’autre. L’analyse du lien sera alors la technique centrale, permettant de mentaliser ce qui se joue dans le lien, notamment en s’assurant des règles et des attentes régissant la relation.