Avec le recul et mon regard d’adulte, je peux affirmer que j’avais une dizaine d’années la première fois qu’elle m’a envahie. Mon entourage n’y a pas prêté attention, mais je sais que cet événement a impacté toute ma vie et laisse encore des traces aujourd’hui.
Ce jour-là, le monde s’est écroulé. Mon monde s’est écroulé. Je crois qu’à l’intérieur de moi, il a dû y avoir comme un tremblement de terre d’une magnitude qui m’atteint toujours.
Pourtant, c’est un événement que tout le monde vit à un moment ou à un autre, mais, moi, cela m’a mise à terre. Ma grand-mère maternelle est décédée.
J’ai glissé dans un désespoir gluant qui m’a aspirée. Ce qui m’a sauvée : l’écriture. Elle était mon refuge. Les mots ont toujours eu le pouvoir de transformer mes épreuves. Ils ornent de beauté mes souffrances.
Oui, je crois qu’à cette époque-là, j’ai vécu ma première dépression, même si jamais personne n’a posé ce mot sur ma souffrance. Et cette fêlure-là m’a rendue fragile, émotivement parlant. Je suis devenu une femme fissurée et hypersensible.
A chaque lien rompu : premier amour, fausse couche, divorces, etc, la fissure s’est agrandie… et je crois qu’elle est devenue un gouffre… que j’ai toujours voulu ignorer.
Combattive, volontaire, têtue, je n’ai jamais voulu me résigner à sauter dans ce précipice. J’ai fait front, opiniâtrement… jusqu’à ce que la fibromyalgie, comme un tsunami, m’engloutisse. Là, j’ai été submergée…
Y a-t-il un lien entre la dépression et la fibromyalgie ?
Il est encore impossible de déterminer si le syndrome anxiodépressif est directement un effet somato-psychique de la fibromyalgie ou s’il en est le facteur déclenchant.
Mais, en dehors des symptômes présents chez la plus grande majorité des patients touchés par la fibromyalgie comme la douleur et la fatigue… il existe également un syndrome bien présent : l’état anxiodépressif et parfois même une dépression sévère voire mélancolique.
Néanmoins, selon le Dr Charley Cohen, rhumatologue et auteur de "La Fibromyalgie, un état douloureux enfin reconnu et pris au sérieux", la fibromyalgie n’est assimilable à aucune maladie psychiatrique caractérisée. Pourtant, plus de 30% des patients atteints de fibromyalgie sont également traités pour dépression.
La frontière entre douleurs chroniques et dépression est compliquée à analyser du fait de leur interaction. La dépression peut être réactionnelle à la douleur. En effet, à force de souffrir, de ne pas être reconnu, le patient tend vers une dépression qui peut devenir, elle aussi, chronique. Certains patients ne luttent plus contre la maladie, ils la subissent.
Les douleurs chroniques engendrent des répercussions sur la vie professionnelle, affective et familiale. Cela finit par se ressentir sur le psychisme du patient. A son tour, la dépression réactionnelle entretient ou peut même majorer la douleur. C’est une spirale infernale. La dépression serait donc un symptôme de la fibromyalgie et non le contraire.
Cependant, certains médecins pensent que la fibromyalgie pourrait être une séquelle de dépressions durables ou répétées. Mais il existe des personnes non dépressives se trouvant à un moment donné atteintes de fibromyalgie. Donc, la dépression ne peut pas être considérée comme LA cause des fibromyalgies. Et puis, les traitements antidépresseurs peuvent présenter une certaine efficacité dans la fibromyalgie. Alors, il existe peut-être un lien, mais il n’est pas si clair que cela !
Les douleurs chroniques, quelles qu’elles soient peuvent entraîner des dépressions (même sans fibromyalgie) et les antidépresseurs peuvent être efficaces contre les douleurs chroniques (y compris celles qui n’ont absolument rien à voir avec la fibromyalgie). Alors, ce lien fibromyalgie-dépression pourrait être un lien douleur-dépression, tout simplement. Il se pourrait également qu’il s’agisse d’un lien fatigue-dépression. En effet, la fatigue chronique peut entraîner une dépression (c’est connu par exemple dans le travail de nuit qui augmente considérablement le risque de dépression).
Il existe peut-être un lien plus étroit entre le caractère dépressif (la dysthymie) et la fibromyalgie. Les personnes souffrant de dysthymie ont une tendance à déprimer sur la durée, de manière chronique et pas simplement comme une personne qui vit une dépression passagère (qui peut tout de même durer des mois ou une bonne année).Certains médecins considèrent que cette dysthymie et la fibromyalgie sont une même maladie. En effet, dans cet état dépressif chronique, de nombreuses personnes vivent un seuil de douleur très abaissé. Les antidépresseurs sont souvent efficaces, au moins en partie.
On sait que les antécédents d’agressions sexuelles (attouchements, agressions, viols) sont nettement plus fréquents chez les personnes souffrant de fibromyalgie que dans la population générale. C’est également le cas de traumatismes émotionnels (agressions physiques, insultes, menaces…) et des négligences éducatives (parents abandonniques, violents, menaçants, insultants, absents ou sources de carences affectives).
C’est pourquoi, à côté des traitements classiques par médicaments, il est fortement recommandé de travailler en psychothérapie afin de cicatriser les traumatismes anciens qui ont pu façonner le cerveau et les neurones en les rendant plus sensibles à la douleur et à la fatigue. Pour cela, l’EMDR (acronyme de Eye Movement Desensitization and Reprocessing, c’est-à-dire désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires) ou l’intégration du cycle de vie (thérapie psycho-corporelle) peuvent se révéler des outils très intéressants.
Vous, êtes-vous confronté à la dépression ? Est-elle apparue avant ou après la fibromyalgie ? Que mettez-vous en place pour vous aider ?
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