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HYPERALGESIE MEDICAMENTEUSE

  • Photo du rédacteur: Violaine Desmette
    Violaine Desmette
  • il y a 5 jours
  • 2 min de lecture

Une réalité méconnue mais bien réelle


Lorsqu’on souffre de douleurs chroniques, prendre un médicament antalgique semble évident. C’est souvent un soulagement, parfois un espoir. Pourtant, certaines personnes constatent que malgré un traitement régulier, leurs douleurs ne diminuent pas – voire s’intensifient. Ce paradoxe porte un nom : l’hyperalgésie induite par les médicaments, notamment les opioïdes.


Qu’est-ce que l’hyperalgésie ?


Le terme "hyperalgésie" signifie littéralement "douleur excessive". Il désigne un état dans lequel le système nerveux devient anormalement sensible à la douleur. Des stimuli normalement supportables deviennent douloureux, et des douleurs existantes sont ressenties de manière exagérée.


Ce phénomène peut être provoqué ou aggravé par certains médicaments, en particulier ceux censés justement soulager la douleur.


Les opioïdes : de l’allié au piège


Les principaux responsables de l’hyperalgésie médicamenteuse sont les antalgiques opioïdes :

  • Tramadol

  • Morphine

  • Oxycodone

  • Fentanyl

  • Codéine (dans une moindre mesure)


Ils sont puissants, utiles dans certains contextes (douleur aiguë post-opératoire, cancer), mais posent problème dans le traitement au long cours des douleurs chroniques.


Comment cela fonctionne ?


Lorsque l’organisme est exposé de manière prolongée aux opioïdes, il peut développer une hyperactivation des voies de la douleur :

  • Le cerveau produit moins d’endorphines (antidouleurs naturels).

  • Les récepteurs opioïdes deviennent moins sensibles.

  • Les cellules nerveuses impliquées dans la perception de la douleur deviennent hyperréactives.


Résultat : le traitement, au lieu de calmer, sensibilise encore davantage au moindre stimulus douloureux.


Comment reconnaître l’hyperalgésie ?


Elle peut être difficile à distinguer d’une aggravation "naturelle" de la maladie. Mais quelques signes doivent alerter :

  • Une douleur diffuse, plus généralisée, différente de celle initialement traitée.

  • Un besoin croissant d’augmenter les doses, sans amélioration réelle.

  • Une sensibilité accrue à des stimulations normales : un simple contact ou un changement de température devient douloureux.


Chez les personnes atteintes de fibromyalgie, ce phénomène peut renforcer les symptômes déjà existants : brouillard mental, hypersensibilité, fatigue extrême.


Que faire si l’on soupçonne une hyperalgésie ?


Ne pas agir seul·e !

Il est crucial de ne jamais arrêter brutalement un traitement opioïde. Le sevrage doit être progressif et supervisé par un médecin.


Réévaluer la stratégie antalgique :

  • Réduction ou arrêt progressif des opioïdes.

  • Introduction d’alternatives médicamenteuses (comme certains antidépresseurs ou anticonvulsivants).

  • Renforcement des approches non médicamenteuses : activité physique douce, sophrologie, thérapies cognitives, soutien psychologique.


Vers une autre vision de la douleur


L’hyperalgésie induite par les médicaments rappelle une vérité difficile mais essentielle : traiter la douleur ne signifie pas toujours la faire taire à tout prix. Il s’agit souvent de comprendre ses mécanismes, d’agir sur plusieurs plans (physique, émotionnel, environnemental) et de trouver l’équilibre le plus durable possible.


Les médicaments ne sont qu’un outil parmi d’autres. Et parfois, la meilleure solution passe par moins de molécules, mais plus d’écoute, d’adaptations et de soin global.


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