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LACHER-PRISE


« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. » Marc Aurèle


Cette citation résume assez bien, à mon sens, tout ce que sous-tend le concept de lâcher-prise.


Lâcher prise, c’est cesser d’être dans le contrôle de tout et surtout de ce que l’on ne peut contrôler. C’est accepter de rendre les armes là où le combat est inutile. Ce n’est pas se résigner cependant. C’est se battre là où cela a du sens et de l’efficacité.


Dans le cadre de la maladie, cela a de grandes implications, car cela impacte complètement la manière de vivre.


Nous avons tous une conception de la maladie. En général, nous nous la représentons comme quelque chose de négatif. La fibromyalgie, en particulier, est vue comme une maladie imaginaire, par certains. Cela a des conséquences sur nous aussi si on y prête attention…


S’enfermer dans des considérations négatives, s’en nourrir, ne peut aucunement aider. Au contraire, cela intensifie les douleurs et le mal-être.


Les neurosciences, aujourd’hui, ont bien analysé ce qu’il se passe dans notre cerveau. Finalement, ce n’est pas tant la maladie qui pose problème, mais c’est la façon dont on se la représente, car cela entraîne le comportement que l’on va avoir : soit on entre dans un chemin où l’on s’enfonce, soit on chemine vers la libération.


Vous avez tous en tête le nom de l’un ou l’autre de ces grands résilients qui ont su dépasser les épreuves de la vie : la chanteuse Barbara (profondément marquée par l’inceste dont elle était victime et les persécutions de la guerre), l’écrivain Charles Dickens (jeune ouvrier à 12 ans seulement, subissant les conditions de vie misérables des classes populaires de son époque), le compositeur Beethoven (meurtri à 26 ans par les premiers symptômes de surdité avant que cette dernière ne devienne totale et irréversible à 49 ans, ce qui ne l’empêchera pas de composer jusqu’à la fin de sa vie). Dans mes recherches sur la maladie, j’ai découvert que Charles Darwin, Frida Kahlo, Florence Nightingale ou Morgan Freeman souffraient eux aussi de fibromyalgie. Cela ne l’est a pas empêché de faire de belles choses de leur vie…


En effet, notre perception de la maladie provoque des réactions émotionnelles, des comportements et a des incidences bio-chimiques et physiques. De réels changements s’opère à partir de l’esprit ! Tout ce que l’on croit, on le crée. Il convient donc de surveiller son système de pensée et de parole. Ainsi, vous avez certainement entendu dire que de déclarer constamment à un enfant qu’il est un vaurien a de grandes (mal)chances de devenir vrai. Il en est de même pour ce que vous pensez de vous-même.


En fait, on ne sait pas encore grand-chose de la fibromyalgie, même si on avance dans la recherche. Donc, comme on ne sait pas, il vaut mieux arrêter de focaliser notre esprit sur des choses incertaines et surtout négatives. Il convient plutôt de mettre en place des ressources. Et on possède tous des ressources.


De quelles ressources disposons-nous ? D’un tas de méthodes de relâchement des tensions du corps, de l’esprit et des émotions. Il nous faut juste trouver notre propre méthode, celle qui nous convient : la méditation, la relaxation, les étirements de yoga, la relation à la nature, l’hypnose, la cohérence cardiaque, l’art thérapie, la zoothérapie… Juste fermer les yeux et respirer est un bon commencement. Notre taux vibratoire s’abaisse alors. On entre dans un état modifié de conscience qui prépare le relâchement.


Pour que l’esprit puisse se relâcher, il convient aussi de répondre à nos besoins sans se préoccuper du jugement des autres (ou du nôtre !) et de faire le point sur nos attentes non résolues : notre besoin de reconnaissance ou de compréhension d’autrui. Ces attentes venant de l’extérieur ne dépendent pas de nous, nous ne les contrôlons donc pas…


L’impact de nos besoins non comblés et de nos attentes non résolues ont une influence sur nos émotions. Or, nos émotions provoquent des vibrations captées par chacune de nos 50 000 milliards de cellules. Je vous laisse imaginer le chaos que cela peut engendrer…


Notre cerveau ne faisant pas la différence entre la réalité et notre imagination, il est possible de le reprogrammer sur des ondes plus positives avec de simples visualisations ou la répétition de mantras. Il est important de répéter ces petites phrases positives au présent comme si elles étaient déjà effectives. Cependant, y ajouter un processus de croissance comme « peu à peu, petit à petit… » m’apparaît judicieux si on n’en est pas totalement convaincu (ex. « Je vais bien » peut être exprimé par « Petit à petit, je vais mieux. »). Cela paraît simple, mais c’est pourtant efficace.


Cependant, notre cerveau n’est pas le premier centre de commande. Notre cœur possède  40000 neurones. Ces neurones sont très puissants, envoient des pulsations au cerveau  et analysent les substances biochimies qui entrent et sortent, telles que l’alimentation, les activités, les interactions sociales qui produisent des ocytocines. Il s’agit donc de choisir une intention première à notre manière d’être : sera-t-elle portée par la peur liée à la maladie ou par l’acceptation ?


Quand nos sensations ne sont pas bonnes, il faut tenter de revenir à de bonnes sensations en se demandant pour qui, pour quoi est-on reconnaissant ? Qu’est-ce qu’on aime dans la vie ? Il s’agit de trouver du sens à ce qui semble de ne pas en avoir et s’ouvrir à une autre dimension : magnifier ce qui nous arrive au lieu de le diaboliser en se tournant vers l’écriture, la peinture, ou toute autre activité qui nous fait grandir. Animer les groupes de parole et partager mes réflexions avec vous est une de mes manières de magnifier la fibromyalgie, de faire de cette maladie quelque chose de positif.


Et puis, il faut apprendre à lâcher prise sur le manque d’estime qu’on a de soi. Car l’estime de soi est ce qui reste quand on a tout perdu. Nous sommes plus que la maladie. Nous sommes des hommes, des femmes, des parents parfois, des travailleurs encore souvent, des passionnés de quelque chose ou de quelqu’un… tant d’autres choses que la fibromyalgie !


Plutôt que de se demander « Pourquoi moi ? » qui est une question stérile et ne nous fait pas avancer (ou toute autre question de même nature), posons-nous les bonnes questions :  que puis-je mettre en place ? quels sont mes besoins ? qui peut m’accompagner ?  quelles sont les bonnes informations ? où les trouver ?

Plutôt que de laisser notre cerveau primitif nous gouverner dans un réflexe de survie par l’agressivité qui va nous demander beaucoup d’énergie, par l’anxiété qui va nous faire ruminer ou par l’apathie, signe d’un découragement total, basculons vers notre cortex préfrontal qui va nous permettre une ouverture sur d’autres possibles. Pour faire cette bascule, il faut détecter ce qui déclenche ce réflexe de survie : une peur réelle ou imaginaire (comme un manque d’argent, la solitude…) et utiliser nos ressources pour basculer : telles que la visualisation créatrice, la musique, la danse, selon que nous soyons plus sensibles aux pensées, aux émotions, au corps.


On est tous prêts à cela. Ne pas le croire, c’est être dans cet espace arrière de notre cerveau, celui qui gouverne nos automatismes. Alors, faisons taire nos ruminations intérieures, respirons, fermons les yeux : c’est le tout premier pas vers le lâcher-prise… Le reste viendra petit à petit. Chacun son rythme. Vous pouvez y arriver : il suffit d’essayer…


Et c’est vrai. J’en suis la preuve vivante. On est dans la vie comme un équilibre sur un fil : certains y sont à l’aise comme des professionnels de cirque, d’autres, comme moi, ont regardé en bas. Certains tombent définitivement. Moi, j’ai juste eu le réflexe de m’accrocher à la corde en tombant : j’ai accepté d’arrêter de travailler et demandé de l’aide pour remonter sur la corde, celles des médecins et de mon mari. Oui, j’ai cette chance : je suis l’épouse, non d’un sauveur, mais d’un excellent accompagnateur de vie. Il ne fait pas les choses à ma place si je suis capable de les faire ; il me pousse à les réaliser moi, à trouver les moyen pour le faire. Les moyens pour y arriver sur cette corde tendue mais parfois vacillante, c’est de ne pas regarder vers le bas. Le bas, ce sont les mauvaises nouvelles, les mauvaises langues, les idées morbides, les peurs, la maladie… Cela donne le vertige. Regarder devant soi son objectif, ce que l’on veut atteindre, ce que l’on veut vivre. Le visualiser nettement. C’est différent pour chacun. Moi, ce sont les bras tendus de l’une de mes petites-filles pour que je la prenne dans mes bras, le sourire des autres quand je vais les chercher à l’école, la vidéo des derniers que l’une de mes filles m’a envoyée, les projections heureuses que ma cadette me confie, ma tête sur l’épaule de mon mari, le chant des oiseaux dans les bois, notre chien qui se blottit contre moi, les vers d’un poème qui se dessine dans ma tête… Ma vie, c’est cela. Et c’est cela que je veux vivre.


Texte écrit à partir des enseignements d’Alexandre Antonienko, spécialiste en neurosciences.

 

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