
« Tu devrais essayer ceci…, »
« Moi, à ta place, je ferais cela…, »
« Si tu voulais vraiment aller mieux, tu écouterais mes conseils… »
Les phrases tombent, pleines de certitudes. Comme si la douleur chronique se domptait avec une simple recette, comme si la fatigue écrasante se dissipait d’un claquement de doigts, comme si le brouillard mental s’éclaircissait par une injonction bien intentionnée.
Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Ceux qui paient, qui ressentent chaque jour la douleur qui s’accroche aux muscles, à la peau, à l’âme, ce ne sont pas eux.
Ceux qui affrontent la fatigue qui engourdit, qui éteint, qui alourdit chaque geste, ce ne sont pas eux.
Ceux qui se battent contre le fibro-brouillard, qui perdent leurs mots, leurs pensées, le fil même de leur existence, ce ne sont pas eux.
Alors, où se trouve la vérité ?
Pas dans les injonctions des autres. Pas dans les diktats de ceux qui regardent sans voir, qui parlent sans savoir. La vérité est en nous.
Il faut du temps pour l’entendre.
Parce que la douleur fait du bruit, un grondement incessant qui couvre tout.
Parce que la fatigue éteint, elle plonge dans l’ombre, elle empêche de ressentir autre chose qu’un épuisement sans fond.
Parce que le brouillard nous perd, il déforme la route, il rend incertain ce qui était clair hier encore.
Alors, revenons au centre de nous-mêmes.
Écoutons ce que notre corps nous murmure, même sous les cris de la douleur.
Accordons-nous la patience d’apprendre ce qui nous convient, ce qui nous apaise, ce qui nous permet d’exister malgré tout.
Parce que nous sommes les seuls à savoir ce que nous vivons.
Parce que nous sommes les seuls à pouvoir sentir ce qui nous fait du bien.
Parce que nous avons le droit de nous écouter avant d’écouter les autres.
Alors, aux conseilleurs qui ne paient rien, rappelons ceci :
Nous avançons à notre rythme. Pas au vôtre.