De nombreuses études montrent qu’une détresse émotionnelle, des capacités limitées d’identification, d’expression et de traitement des émotions sont associées à une douleur plus intense. Il m’est donc apparu important d’écrire un article sur les émotions.
Le mot “émotion” vient du latin “emovere” qui signifie "mouvement". Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement. Il existe 6 émotions primaires (la joie, la peur, la colère, la tristesse, la surprise et le dégoût) qui se déclinent en émotions plus complexes, dites secondaires, en fonction des situations (embarras, agacement, honte, enjouement, euphorie, accablement, amertume, etc.).
Qu’elles soient agréables ou désagréables, les émotions ont pour caractéristiques communes de ne pas rester purement cérébrales, mais d’être accompagnées de modifications physiologiques (larmes, rythme cardiaque), expressives (posture, réaction faciale) et comportementales. Elles agissent comme des filtres dans l’interprétation des événements et comme des pilotes dans nos choix et dans nos comportements. Le dessin-animé « Vice-Versa » l’illustre bien.
Malgré une croyance répandue, il n’existe pas d’émotions négatives. On pourrait croire que ressentir de la peur, de la colère, revêt un aspect négatif. Il n’en est rien, bien au contraire. Chaque émotion a une utilité, même si elle est perçue comme « désagréable » ou pénible. La difficulté des émotions réside dans leurs conséquences : vivre en permanence des émotions négatives aura un effet délétère sur la santé physique, psychique et sociale, car, comme évoqué plus haut, les émotions génèrent des modifications physiques, physiologiques et comportementales. La gestion des émotions est donc primordiale, surtout pour les personnes déjà fort impactées par la douleur chronique.
L’émotion vient questionner les besoins d’une personne : sont-ils satisfaits ou non ? Elle nous alerte sur notre état interne par rapport à une situation donnée. Il existe différents types de besoins qui seront plus ou moins importants pour chacun : la sécurité, la stimulation physique ou mentale, les relations sociales, la reconnaissance, l’autonomie, le sens…
Lorsqu’une situation satisfait un besoin, l’être humain ressentira des émotions « agréables ». Par exemple, lorsque je passe du temps avec ceux que j’aime, j’éprouve de la joie, car mon besoin de liens sociaux est assouvi. À contrario, lorsqu’un besoin n’est pas satisfait par une situation, l’être humain ressentira des émotions « désagréables ». Par exemple, si un patron me critique parce que je suis « encore » absent au boulot à cause de la maladie, la peur, la colère ou la tristesse peuvent me submerger, car mon besoin de sécurité (peur de perdre mon travail) et/ou de reconnaissance (colère ou tristesse de ne pas être compris) ne sont pas respectés.
Les émotions correspondent à un système d’alarme et de protection, elles sont le reflet de notre état intérieur. Elles nous permettent de réagir rapidement face à un danger selon 3 réponses : l’attaque, la fuite ou le repli. Si l’espèce humaine a pu survivre jusqu’à présent, c’est essentiellement grâce aux émotions. Elles nous permettent d’anticiper les conséquences possibles de certains évènements et de s’adapter pour survivre :
- La peur joue un rôle d’alerte d’une situation potentiellement dangereuse et permet de réagir vite ;
- La colère prépare à l’action (en cas d’agression) et joue un rôle d’intimidation (pour éviter l’agression) ;
- La joie est associée au plaisir et/ou bonheur, elle active le circuit neuronal de la récompense, incitant à agir à nouveau de la même façon ;
- Le dégoût aide à identifier ce qui peut être toxique (aliment, idée, comportement, etc.) ;
- La surprise informe qu’un évènement n’était pas prévu et génère un traitement de l’information plus rapide pour mieux s’adapter ;
- La tristesse permet de créer du lien (avoir du soutien), de se recentrer sur soi pour réévaluer ses valeurs et ses objectifs.
Lorsqu’il ressent une émotion désagréable, l’être humain a tendance à l’éviter. Or, face aux émotions, l’évitement est peu efficace. Une émotion non prise en compte deviendra un problème, en augmentant le mal-être à moyen ou long terme. Pour une personne atteinte de fibromyalgie, cela pourra accentue ses symptômes. De plus, les émotions désagréables permettent d’apprécier les choses agréables à leur juste valeur : vivre ses émotions paraît donc nécessaire, dès lors que ce vécu ne devient pas problématique.
Bien qu’il ne soit pas toujours possible de vivre les mêmes émotions qu’autrui, l’être humain est en capacité de les comprendre. Les émotions guident les humains dans les façons d’interagir avec autrui. L’émotion est un moteur fort de la communication sociale. Chacun d’entre nous ressent le besoin de partager son vécu, qu’il soit positif ou négatif et ce pour plusieurs raisons :
- avoir le sentiment d’être entendu et compris ;
- recevoir du soutien ;
- renforcer les liens avec autrui ;
- renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe ;
- rationaliser un événement, prendre de la distance : manière de retrouver un équilibre émotionnel par la mise en mots d’un ressenti en y trouvant une logique ;
- se valoriser (lors du partage d’événements positifs)
Ce besoin sera d’autant plus fort quand les émotions sont fortes. Ce partage social des émotions concerne autant les femmes que les hommes. Même si socialement et historiquement parlant, les hommes ont tendance à moins se livrer que les femmes… mais c’est en train de changer et tant mieux ! Il commence dès l’enfance et se poursuit tout au long de la vie. Cependant, il n’est pas toujours possible d’exprimer ses émotions pour divers motifs, dont celui de la peur de l’incompréhension ou du jugement. C’est parfois le cas pour les personnes atteintes de fibromyalgie. Alors, échanger dans un groupe de parole est une des solutions possibles afin de combler un besoin important. C’est la raison de la création des relais de Focus Fibromyalgie Belgique.
Il existe actuellement des groupes de parole à Bruxelles, Namur, Liège, Charleroi, Mons, Jodoigne, Nivelles et Wavre. Vous y êtes les bienvenus.
Article rédigé à partir de la fiche Psycho’ressources du Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale du Haut-Rhin « Comprendre ses émotions pour mieux les gérer ».