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MINUTE FIBROSOPHIQUE : LA VIE EST UNE ARMOIRE

  • Photo du rédacteur: Violaine Desmette
    Violaine Desmette
  • 14 sept.
  • 2 min de lecture
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La vie est une armoire. Certaines armoires sont bien remplies. Il y en a de tous les styles, de toutes les hauteurs, de toutes les largeurs.


La plupart de ces armoires possèdent des tiroirs : certains sont bien rangés, d’autres sont de vrais fouillis. Mais ce qui est certain, c’est qu’il vaut mieux ne pas ouvrir tous les tiroirs en même temps, surtout s’ils sont pleins à craquer.


J’ai appris à n’en ouvrir qu’un à la fois, car, par le passé, je me suis pris l’armoire en pleine figure plusieurs fois. Alors, le contenu se déverse, vous engloutit, vous assomme. Se relever ensuite devient compliqué.


Et pourtant, c’est aussi l’occasion de ranger, de mieux ranger, de trier, de jeter les babioles obsolètes, de rendre à leur propriétaire ce qui ne nous appartient pas. Car on prête parfois un tiroir, parfois même tout un côté de l’armoire. Certains s’y installent, d’autres y volent quelque chose. Retrouver ce qui nous appartient n’est alors pas commode.


La maladie m’a appris que, quel que soit le meuble que l’on a reçu comme vie, fût-ce un vieux chiffonnier, il est précieux, car il renferme nos biens comme nos maux.


Notre corps est à bichonner, notre esprit à ranger. Notre vie n’est pas sortie d’un magasin Ikea : même si, avec la fibromyalgie, on a l’impression d’avoir été montés sans mode d’emploi et qu’il manque toujours des pièces.


Non, notre vie est une armoire sculptée dans le bois, marquée par le temps, unique, solide malgré ses fissures. Certes, des insectes rôdent, prêts à ronger la matière. La fibromyalgie est peut-être notre mérule. Mais même si aucun produit miracle n’a encore été trouvé pour l’éliminer, il existe des artisans, des compagnons de route, des alliés capables d’entretenir le bois, de le nourrir, de le protéger.


Et puis, une armoire peut aussi être relookée. Il suffit parfois d’un coup de peinture, d’un nouveau bouton de tiroir, d’un détournement créatif pour qu’elle retrouve une seconde vie. Le réemploi n’est pas seulement écologique : il est poétique. Nous aussi, nous pouvons changer de couleur, transformer nos fissures en force, faire pousser des fleurs dans nos tiroirs vides.


Alors, apprenons à vivre comme avec un semainier : un tiroir à la fois, une tâche après l’autre, à notre rythme. Ne cherchons plus à tout ouvrir d’un coup, mais à respecter la cadence que notre corps nous dicte. Chaque journée a son tiroir, et il ne sert à rien d’y entasser toute la semaine.


Ainsi, même si nos gestes sont parfois ralentis, même si notre armoire craque et ploie, elle peut encore abriter de la beauté, de la lumière, des éclats de joie.


Soyez un bonheur du jour – ce petit meuble délicat, discret, mais raffiné, qui n’a besoin que d’un seul tiroir ouvert pour éclairer toute une journée.


Et si vous pensez n’être qu’une vieille armoire, n’oubliez pas que les antiquités ont souvent une valeur inestimable.

 
 
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