PAUPERISATION
- Violaine Desmette
- 16 sept.
- 2 min de lecture

Les personnes atteintes de fibromalgie sont-elles condamnés à la pauvreté ?
En Belgique, les nouvelles réformes sociales changent profondément la vie des malades chroniques. D’un côté, les malades de longue durée sont incités à reprendre le travail. De l’autre, la loi-programme limite désormais le chômage complet à 24 mois maximum.
Pour les personnes atteintes de fibromyalgie, ces mesures sont particulièrement inquiétantes.
Il existe en effet plusieurs formes et stades de fibromyalgie :
Certaines personnes parviennent encore à travailler, parfois à temps plein mais au prix d’efforts immenses.
D’autres ne peuvent maintenir qu’un temps partiel en raison des crises de douleur, de la fatigue extrême et des troubles associés.
Et pour une partie des patients, travailler devient impossible tant les symptômes sont invalidants.
À cela s’ajoute la nature fluctuante de la maladie.
Un jour, l’activité est envisageable ; le lendemain, la douleur ou l’épuisement rendent tout effort impossible. Résultat : beaucoup de patients se retrouvent dans une spirale de culpabilité, d’échec et de perte de droits.
C’est précisément dans ces situations de fragilité que le système de protection sociale devrait jouer son rôle.
Mais en pratique, le parcours est semé d’embûches :
Première étape : la mutuelle. Les malades de longue durée sont indemnisés par leur mutuelle. Mais si le médecin-conseil estime qu’ils sont “capables de retravailler”, même partiellement, l’indemnité peut s’arrêter (Droits Quotidiens).
C’est ici que le problème des médecins fibrosceptiques prend tout son sens : certains continuent de nier la fibromyalgie comme pathologie invalidante. Résultat : des patients dont la souffrance est bien réelle sont déclarés aptes au travail, alors qu’ils sont en pratique incapables de travailler de façon régulière. Cette méfiance institutionnelle place les malades dans une position de double peine : non seulement leur douleur est niée, mais ils perdent aussi leur protection sociale.
Deuxième étape : le chômage. Quand l’accès est possible, il n’offre qu’un filet de sécurité temporaire, car la loi-programme limite désormais le chômage complet à 24 mois maximum (ONEM).
Troisième étape : le CPAS. Pour ceux qui n’auront plus ni mutuelle ni chômage, il ne restera que le revenu d’intégration sociale. Mais celui-ci est soumis à des conditions strictes : être propriétaire, avoir un conjoint qui travaille ou disposer de quelques économies peut suffire à en être exclu (CPAS Info).
En clair, de nombreux patients fibromyalgiques risquent de se retrouver sans aucun revenu personnel : exclus de la mutuelle, sortis du chômage, et parfois même privés d’aide du CPAS.
Et même pour ceux qui parviennent encore à travailler, le temps partiel conduit mécaniquement à des cotisations réduites et donc à une pension plus faible à l’avenir.
Or, la fibromyalgie touche principalement les femmes (environ 70 à 80 % des patients). Ces réformes entraîneront donc non seulement une précarisation des malades chroniques, mais aussi une précarisation de genre : les femmes seront les premières victimes de ce glissement vers la pauvreté.
Ainsi, la fibromyalgie ne ronge pas seulement le corps et l’esprit : elle appauvrit aussi celles et ceux qui en souffrent, et fragilise particulièrement les femmes.