Ma respiration s’accélère, j’ai la tête qui tourne, mon cœur s’emballe, je commence à avoir des fourmillements dans les mains, les pieds, ça monte dans mes membres qui se contractent et se tordent, la douleur accompagne cette contracture, je perds connaissance… J’ai 17 ans. Je suis animatrice à la Côte belge dans un centre pour enfants cet été-là. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Les autres moniteurs sont impressionnés. J’ai eu le temps de me cacher des enfants. Les jours se suivent et les crises se multiplient et s’intensifient, me laissant épuisée et frigorifiée. On appelle finalement mes parents et le médecin me fait une piqûre de Valium pour revenir chez moi. Le diagnostic tombe : je suis victime de spasmophilie. On me dit de respirer dans un sac en papier lorsque cela m’arrive (ce que je me refuse à faire car cela m’angoisse davantage), on me prescrit du magnésium et du calcium. Mon père décide que je suis capable de surmonter cela. J’apprends donc à gérer… Dans ma famille, on a toujours eu la certitude que la volonté suffisait… Cependant, en période de stress ou de fortes émotions, je reconnais les signes d’une hyperventilation naissante et il me faut parfois beaucoup d’investissements personnels pour garder le contrôle.
J’ai lu de nombreux témoignages et publications médicales qui font état d’un lien entre les épisodes de spasmophilie à l’adolescence et l’apparition de la fibromyalgie. Je me demande si, parmi vous, certains ont une expérience similaire à la mienne.
La spasmophilie est une affection fréquemment rencontrée que l'on peut définir comme une anomalie de la réaction normale aux stress. Une crise peut survenir subitement, elle peut durer de 10 à 60 minutes. Les principaux symptômes liés à cette crise, outre l’hyperventilation, sont des crampes, des contractures musculaires des masséters empêchant d’ouvrir la bouche, des fasciculations, des picotements dans les extrémités (les mains et les jambes), une sensation de manque d’air pour respirer.
Le signe de Chvostek, qui consiste en une contraction de la lèvre supérieure, et le signe de Trousseau, qui consiste en une position des doigts que l’on appelle "la main d'accoucheuse", traduisent une hyperexcitabilité neuromusculaire et sont des symptômes de la crise. On peut les déclencher en demandant à la personne d'hyper ventiler, ce qui permet de dépister une spasmophilie latente.
Un électromyogramme permet de confirmer le diagnostic. Cette exploration évalue le fonctionnement des nerfs et des muscles. Elle consiste à mesurer la vitesse de conduction nerveuse en créant de faibles stimulations électriques au niveau des fibres nerveuses, sensitives ou motrices, du système nerveux périphérique.
Cependant, aucun des symptômes décrits n’est exclusivement propre à la spasmophilie. Il peut aussi s’agir d’anémie, de carence martiale ou de carence en sélénium, d’hyperthyroïdie, voire d’embolie pulmonaire ou encore de sclérose en plaques. Le diagnostic pour déceler la spasmophilie doit être fait par un médecin.
Plusieurs médecins pensent que spasmophilie et fibromyalgie sont deux noms différents pour décrire la même chose. Cependant, une partie infime des spasmophiles développent une fibromyalgie. Il semblerait qu’un terrain spasmophile négligé ou refoulé puisse conduire à la fibromyalgie ou à la fatigue chronique. Savoir reconnaître et équilibrer un terrain spasmophile pourrait limiter l’apparition de ces syndromes, car la spasmophilie serait avant tout un mécanisme de protection et d’adaptation qui s’emballe. Il faudrait donc le comprendre et le moduler et non le refouler…
Cet article est fondé sur mon expérience personnelle, mes lectures et mes échanges avec les différents médecins qui m’ont accompagnée. Deux sites en particulier m’ont interpelée. Je vous les joins ci-dessous à toute fin utile. Encore une fois, je ne suis pas une professionnelle de la santé, je ne fais que vous livrer mes réflexions, même si elles se fondent toujours sur des bases que j’espère les plus fiables possibles.
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