Une victime est définie comme une personne ayant subi de la violence ou une injustice, telle qu’un accident, un crime, une maladie… En tant que malade chronique, la personne atteinte de fibromyalgie est donc bien une victime puisqu’elle se retrouve dans une posture d’impuissance où sa volonté et son désir sont bafoués. On devient « objet » de la maladie. C’est l’état victimaire. Pour sortir de l’état de victime, il faut donc reprendre sa place de sujet dans le monde, redevenir acteur de sa vie et responsable de son bonheur.
Une personne qui se victimise a tendance à s’apitoyer sur son sort et à perdre la motivation d’agir pour son bonheur. Elle finit par subir la vie… et en souffre… C’est le discours de victimisation. Autant la reconnaissance de l’état de victime est important, autant le discours de victimisation peut s’avérer destructeur. En effet, ce comportement peut avoir des conséquences vraiment funestes, entrainant parfois ruptures amoureuses, isolement social, etc.
Le discours de victimisation peut également faire souffrir non seulement le malade, mais également son entourage lorsque celui-ci se voit reproché tout acte comme étant inadéquat, insuffisant, inutile… Les aidants deviennent alors à leur tour des victimes d’une victime devenue bourreau… parce qu’ils ont voulu jouer les sauveurs…
Vous reconnaîtrez là le célèbre triangle de Karpman…
La victime
La victime se sent impuissante et irresponsable et espère que quelqu’un soulagera son mal-être. Quand on endosse le rôle de victime, on cherche à dominer en apitoyant autrui (je suis faible et on doit m’aider). La victime est davantage tournée vers elle-même, se sent impuissante et compte sur les autres pour régler ses problèmes.
Le sauveur
Il se sacrifie pour l’autre. Souvent, le sauveur considère l’autre incapable de faire les choses ou de prendre les bonnes décisions, ce qui parfois, le pousse à agir même sans qu’on lui demande son aide. Ce faisant, il maintient la victime dépendante et peu autonome.
Le persécuteur
Le persécuteur fait souffrir autrui pour tenter de canaliser ses propres peurs et douleurs. Quand on endosse le rôle de persécuteur, on tente de s’imposer ouvertement (je dois leur dire comment il faut être et agir car je sais mieux et j’ai raison). Le persécuteur est dans l’action mais dans un rôle de redresseur de torts, de justicier, de donneurs de leçons.
Ce jeu de rôle est instable et mobile dans le temps. On peut se retrouver tour à tour dans chaque rôle. Mais pour jouer, il faut des participants ; 2, 3, même plus parfois. En cessant de jouer ces rôles, ils disparaissent.
L’aidant devrait tenter d’être davantage un accompagnateur. Il peut aider en faisant les choses AVEC son proche plutôt que de les faire POUR lui, autant que possible. Cela va permettre au proche d’assumer la responsabilité de ses choix. Ayant un accompagnateur plutôt qu’un sauveur, la victime se responsabilise, gagne de la confiance en soi, de l’autonomie et reprend donc le pouvoir sur sa vie. Et pour ce qui est du persécuteur, il faut penser à mettre des limites. Est-ce acceptable de tolérer une telle attitude ? A nous, malades, de dire STOP à un médecin malveillant, un collègue incorrect, un membre de la famille indélicat.
Notre responsabilité est d’exprimer clairement ce que nous souhaitons ou refusons. Celle de l’interlocuteur/interlocutrice est d’accepter ou refuser. Je reviendrai sur cette manière de communiquer prochainement…
En recherchant des idées pour rédiger cet article, je suis tombée sur le podcast d’une personne atteinte de fibromyalgie qui traite du sujet évoqué. Je vous le joins ici :